Autrefois, Dürrenroth était connue principalement comme relais de poste et lieu de changement de chevaux sur la pénible route reliant Lucerne et Berne. Cela a valu à la localité de se doter de belles auberges dans le style rural typique de l'Emmental. L'endroit a conservé son sens de l'hospitalité, ses succulents produits régionaux et le bien-être offert en pleine nature.
À Dürrenroth, le Romantik Hotel Bären, ce sont l'auberge Kreuz, un ancien bâtiment de ferme rebaptisé «Gartenfenster» qui propose des idées déco, et un superbe jardin où il fait bon se détendre et rêvasser. Dans ce lieu idyllique, on a l'impression de revenir des décennies en arrière, à une époque où la vie coulait doucement, sans aucun stress ni agitation. Bref, un endroit absolument idéal pour recharger ses batteries. On a l'impression que les bâtiments sont là depuis toujours, tant ils paraissent à l'épreuve du temps, presque indestructibles. La passion de Volker et Chantal Beduhn, le couple à la barre de l'établissement, joue un rôle essentiel. Ces dernières années, les restaurations des bâtiments les ont occupés tout autant que l'activité quotidienne. L'an dernier, durant la pandémie, des transformations ont été entreprises: une cuisine ouverte, un bar et une salle supplémentaire ont ainsi vu le jour. En 2020, le directeur de l'hôtel, originaire de la Forêt Noire, a investi plus d'un million de francs.
Nostalgie de la poignée de main
Quelques valises attendent devant l'auberge Kreuz. En application des règles imposées par l'OFSP, Volker Beduhn prend sobrement congé de ses clients d'un signe et de quelques mots. «La poignée de main n'est hélas plus à l'ordre du jour depuis un bon moment déjà. Cela me manque. Une poignée de main, c'est quelque chose d'extrêmement personnel pour moi», affirme Volker Beduhn. Le directeur d'hôtel a travaillé dans tous les domaines de l'hôtellerie et de la gastronomie. Après l'école hôtelière à Zurich et des passages à l'Hôtel Beatus à Merligen et à l'Hôtel Ermitage Wellness & Spa à Schönried, il a repris cet établissement dans l'Emmental avec son épouse.
Des cygnes en chambre
L'activité bat son plein à l'auberge. Les chambres sont en cours de nettoyage et de préparation pour de nouveaux arrivants. Anna Röthlisberger, spécialiste en hôtellerie en formation, nous croise, le directeur et moi-même, avec des pétales de roses et deux serviettes blanches. Voyant mon étonnement, le directeur me conduit à la chambre où elle a disparu. «Ce soir, nous recevons un couple de jeunes mariés et nous voulons leur offrir une surprise pour leur nuit de noces», explique Anna Röthlisberger. Minutieusement, elle roule la serviette depuis le centre. En un tournemain, Anna Röthlisberger la transforme en cygne. Et un second cygne apparaît aussitôt dans la foulée. Elle parsème généreusement le lit et les deux cygnes de pétales de roses. «Autrefois, nous utilisions de vrais pétales de roses de notre jardin. Mais les traces laissées par les pétales au sol et sur les duvets nous ont amenés à nous tourner vers l'artificiel», explique Volker Beduhn.
Clé de porte et cœur de bois
Dans quelques chambres, l'auberge offre à ses hôtes une oasis bien-être avec un jacuzzi, des massages et un lit double avec vue sur la cheminée. Le bâtiment historique comporte des éléments artistiques modernes ainsi que des meubles anciens pour un haut niveau de confort. Juste à côté, les anciennes écuries du relais de porte abritent aujourd'hui des chambres doubles simples pour les randonneurs, pèlerins et cyclistes. Autrefois, le client fermait la poste de sa chambre à l'aide d'un système électronique. «Quand il s'est agi de remplacer ce système, nous avons réfléchi à la façon dont les choses fonctionnaient dans un passé plus lointain. Et c'est dans cette direction que nous voulions aller. Aujourd'hui, les clients reçoivent une grande clé pour fermer leur porte. Pour chaque chambre, le menuisier du village a confectionné un cœur en bois avec le numéro. Nos clients sont sous le charme. Nous devons simplement veiller à ce qu'ils n'emportent pas leur clé en guise de souvenir», raconte le directeur avec un grand sourire.
Le «Gartenfenster»
Derrière l'auberge, les clients et voyageurs peuvent explorer un paradis proposant des idées de décoration et des souvenirs à ramener à la maison. L'ancien bâtiment de ferme abrite encore quelques installations anciennes, comme une baignoire, une cuisinière ou un sofa ans dans l'espace de séjour. Alexandra Kaderli Mathys et Jürg Mathys dirigent le «Gartenfenster» et redécorent sans cesse ce logement de plus de 2000 mètres carrés avec de nouvelles idées qui sont autant de sources d'inspiration. Les accessoires sont présentés dans différents espaces et sur quatre étages. Chacun a une étiquette de prix. Durant la bonne saison, le jardin sert aussi de lieu de vente et d'exposition. «Les sexes et les groupes se séparent souvent ici. Les uns vont au ‹Gartenfenster›, les autres chez le sommelier à la cave à bière», explique Volker Beduhn.
L'hiver, je brasse de la bière brune, l'été, de la blonde à faible teneur d'alcool et avec un léger arôme de citron.
Andi Wuzella
Sommelier de la bière
Ferrage de la bière par le sommelier
Andi Wuzella vient d'Autriche et a suivi une formation de sommelier de la bière. Au Romantik Hotel Bären, il travaille à la restauration, mais il est aussi responsable du brassage de la bière maison. «L'hiver, je brasse de la bière brune, l'été, de la blonde à faible teneur d'alcool et avec un léger arôme de citron. Dans ma région, on pratique le ferrage de la bière, méthode sans doute d'origine anglaise: les dockers devaient charger les bateaux, décharger des cargaisons et effectuer des réparations. Cela donnait soif. Peu avant de boire, ils trempaient brièvement une barre de fer incandescente dans leur bière sans mousse. Cela produit une caramélisation des sucres résiduels présents dans la bière et une couronne de mousse tiède. Lorsque l'on porte le verre aux lèvres, la chaleur de la couronne de mousse surprend avant qu'arrive la bière fraîche. C'est une expérience unique», explique le sommelier.
Découvrir l'Emmental
«Il y a quelques années, un client m'a demandé où se trouvait l'espace bien-être. Nous n'en avions pas encore à l'époque. J'ai répondu: ‹Vous descendez la rue, puis vous remontez sur la droite et là, il y a un grand tilleul. Vous y découvrirez l'Emmental et le bien-être de sa nature›», raconte le directeur en riant. «Le soir, le client m'a remercié, car il s'était détendu comme jamais.» Autour de Dürrenroth, il y a quelques attractions qui ont aussi un intérêt culinaire. Ainsi, la fromagerie villageoise Kämpfer organise des visites guidées et des cours de fabrication de fromage. C'est formidable de pouvoir produire un propre fromage à partir de lait cru en quelques étapes. À la boucherie Schlüchter, les clients de l'Hôtel Bären peuvent fabriquer leur propre saucisson. Là encore, une visite guidée des lieux est organisée. Soigneusement transformé en collaboration avec le service des monuments, le magasin ne vend pas seulement de la viande, mais aussi du miel local, du vin et des légumes. «Le soleil n'est pas toujours au rendez-vous dans l'Emmental. Ces jours-là, pas mal de gens réservent à l'avance une visite guidée de la boucherie ou de la fromagerie ou une dégustation de bière chez nous, où ils découvrent le brassage avec notre sommelier. Les produits régionaux, c'est toute une tradition dans l'Emmental et on y accorde énormément d'importance», explique Volker Beduhn.
Sport populaire de l'Emmental
Pour détendre l'atmosphère et changer d'air après la fatigue d'un séminaire, l'Hôtel Bären emmène les participants et des groupes de clients à la découverte des secrets du hornuss. Ce sport tout à la fois posé et dynamique alterne attaque et défense, performance individuelle et jeu d'équipe. Tout le monde peut pratiquer le hornuss, les jeunes comme les moins jeunes, les débutants comme les initiés, les citadins comme les ruraux!
Un peu d'agitation à midi
Quelques clients sont assis en terrasse et profitent du soleil en dégustant un verre de vin. Bien qu'il soit près de 11h30, les tables ne sont pas encore couvertes en terrasse. Chantal Beduhn arrive d'un bon pas avec des couverts, des serviettes et des plaquettes «Réservé» et se met à dresser les tables. La terrasse se remplit lentement mais sûrement de clients. Peu de temps après, une autre spécialiste en restauration vient prendre les commandes. Elle s'excuse quand les clients lui posent des questions sur le menu: elle vient de commencer son service et doit demander en cuisine. Un collaborateur a appelé pour dire qu'il était malade peu avant 11 h, alors qu'elle était à la maison en train de cuire du pain au four. C'est son mari qui va devoir à présent l'en extraire. Renate Reist a appris le métier de spécialiste en restauration il y a trente ans, le plus beau métier au monde, estime-t-elle. «Nous sommes comme une famille ici, et il est donc normal que je dépanne au pied levé quand il y a un coup de feu ou un imprévu», explique-t-elle.
Le fromage en présent
«Nous sommes très heureux que l'entente entre les collaborateurs soit si bonne. Comme ils sont en première ligne, les clients le ressentent clairement. Ils m'en font souvent la remarque quand ils sortent de table. C'est un énorme atout. On dit des gens de l'Emmental qu'ils sont un peu rudes, à l'image du climat, mais qu'ils ont le cœur sur la main et le sens de l'hospitalité. Cette combinaison, nous la mettons à profit: à leur départ, nous offrons à nos clients un petit bout de nature produit avec passion, un morceau d'Emmental fabriqué par la famille Kämpfer. Si l'Emmental est réputé bien au-delà de ses frontières, c'est grâce à son fromage. Il y a beaucoup de fromage dans la région, mais pas seulement, et c'est pour cela que nos clients repartent avec du fromage», conclut Volker Beduhn.
Photos: Jürg Waldmeier